Unexplored or UneXplOded Laos

237 000 km2, 27 habitants au km2, plus de 120 minorités ethniques

1892 – 1946 : protectorat français
1964 – 1973 : bombardements américains au Laos pendant la « secret war »

 

Bienvenue au Laos !

Nous sommes partis tôt ce matin-là pour le franchissement de la frontière entre la Thaïlande et le Laos : 2h d’attente au départ du taxi-collectif, changements non prévus, problèmes techniques sur le véhicule, etc. En revanche, une simple traversée en barque du Mékong permet d’atteindre Huay Xai, ville frontière laotienne. Suivant les jours et les horaires de passage, la nationalité, le visa est plus ou moins cher. Pour notre part, une modeste contribution de 30 dollars nous aura permis de découvrir un pays simple et authentique, fortement marqué par son histoire récente.

 

 

 

 

 

Huay Xai nous montre les premiers indices de la présence française au Laos, avec l’existence d’un fort encore dressé sur la colline.

 

 

 

  

 

 

 

Le protectorat français débute sa mise en place en 1892, à la demande du Laos, sur la province de Luang Prabang, afin de se protéger contre les visées siamoises (thaïlandaises). Petit à petit, les territoires et les frontières sont redistribués entre le Royaume Uni (Birmanie), le territoire de Siam et la France (union Indochinoise) pour former le Laos tel qu’on le connait aujourd’hui.

Cependant, quelques minorités ethniques, alors soumises à des corvées et des taxes françaises, ne tolèrent pas ce mode de fonctionnement et se rebellent.

Au marché de Luang Namtha, nous apercevons pour la première fois ces petites vieilles en costumes traditionnels, vendant des bracelets fabriqués à partir de canettes de coca, des tressages, etc. : une simple couverture pour essayer de nous vendre de la drogue. Nous suivons alors leur pas…pour découvrir leur univers !

 

 

Nous nous sommes longuement promenés dans ces petits villages du Nord, ou nous rencontrons des tribus Akka, Yao et Tai Neua près de Muang Sing. C’est dans ces régions reculées, ou les indications sont inexistantes et les chemins si nombreux, que la boussole Raméo© nous sert intensément !! Leur mode de vie semble avoir peu évolué : les maisons de bois, sur pilotis, sont simples et fonctionnelles, largement ouvertes sur l’extérieur. La cuisine se compose du strict nécessaire, la salle de bain se trouve au point d’eau du village.
Nous partons à la journée, bien chaussés, et découvrons le travail des champs, dans les rizières, les immenses cultures de bananes, les traversées de rivières épiques ( !)…Les couleurs sont superbes, notamment au coucher de soleil.

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

Après un trajet audacieux, incluant plusieurs bus, terminé de nuit, avec la musique techno, la poussière qui collent à nos cheveux, la route cabossée, le klaxon (à défaut de ralentir dans les tournants), nous atteignons la charmante petite ville de Nong Khiaw, au bord de la rivière Nam Ou. Nous y séjournons quelques nuits, dans nos petits bungalows privés et nous accordons un restaurant indien (quel plaisir de changer !) et un merveilleux Lab – plat national (viande hachée marinée avec herbes fraiches) servi bien sûr avec l’incontournable sticky rice!

 

 

 

 
La visite de nos premières grottes dans ces paysages Cameronien (ça rappelle Pandora, sans  les grands bons-hommes bleu) nous interpelle, nous traversons la jungle, et observons de jeunes pêcheurs en rivière, avec leurs petits harpons et paniers à poissons.

 

 

 

  

  

 

 

 

 

 

 
Nous remontons la rivière vers Muang Ngoi (la récente route de 2013 n’est pas praticable en saison des pluies !), pour découvrir des villages plus isolés encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’inconfortable descente de la rivière Nam Ou, puis du Mékong en bateau (en passant devant les grottes de Pak Ou à leur confluence), sur nos petits sièges de bois, nous permet d’atteindre la ville de Luang Prabang en 6h de temps.

 

 

 

 

 

 

 

La ville est, à elle seule, un marqueur de l’héritage français : maisons coloniales, restauration et vins, boulangeries, sandwich, fruit shake et vache qui rit, etc. Quelques architectes français et l’agence française de développement (AFD) notamment, apportent encore leur aide et leurs financements pour le développement de la ville, en favorisant la conservation du patrimoine. Ce qui résulte en une ville romantique, aux terrasses illuminées de nombreux lampions le soir, ou il est agréable de rester un peu. L’institut français, remplissant sa mission de transmission culturelle et linguistique, de même que le musée, proposent des expositions photos, des concerts, des pièces de théâtre, etc.

 

 

Nous louons des VTT (heureusement qu’on avait des vitesses pour affronter les montées interminables! Il faut dire aussi qu’on a bien apprécié le retour, à pleine vitesse, dans la nuit tombée, en avalant des moucherons J ) pour découvrir les superbes cascades de Tad Sai, ou nous nous rafraîchissons, nous prélassons et assistons au bain des éléphants ! J

  

 

 

 

 

 

 

Le marché de nuit, très développé, nous ouvre une jolie fenêtre sur tous les handicrafts laotiens, et nous permet de nous empiffrer dans les buffets végétariens à moins de 1 euro l’assiette !

 

Nous nous promenons aussi parmi les nombreux temples de la ville (cité très pieuse par rapport au reste du Laos), dégustons notre pique-nique en forêt, grimpons le Mont Phousi pour voir le coucher du soleil sur la ville. Les prières lancinantes des moines nous emportent, et la cérémonie de Tak Bat (offrandes de nourriture par les habitants aux processions de moines) au petit matin, nous émeut.

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

La fête de village à l’école primaire (avec section linguistique lao-français) s’apparentant plus à une fête de mariage, nous permet de découvrir les talents très (très très) cachés des chanteurs laotiens (malgré un entrainement intensif dans les nombreux karaokés du Laos!). Tout le monde danse, en buvant la Lao Bier.

 
L’heure est à la détente à la guesthouse : musique, Lao-Lao (alcool fort local), Internet (récalcitrant) : nous exerçons aussi nos talents sur les murs (enfin surtout Baba et Clara !)

 

 

 

C’est une autre période de l’histoire que nous abordons à Phonsavan. Le Laos subira bien malgré lui la guerre pendant les longues années d’affrontement, à la chasse au communisme, entre les US et le Vietnam. Pendant près de 9 ans,  passant outre les accords de Genève, signés en 1954 par les grandes nations en présence, déclarant la neutralité de l’état du Laos, les américains lâchent près de 2 millions de tonnes de bombes sur le territoire laotien, de façon officieuse (c’est ainsi que la guerre prend son nom de secret war). La désorganisation semble totale, les cibles ne sont pas spécifiquement militaires : les bombardiers américains ne pouvant atteindre le Vietnam en cas d’intempéries sont automatiquement redirigés pour vider les cargaisons de bombies sur leur trajet de retour vers les bases thaïlandaises (il serait en effet trop dangereux d’atterrir avec des explosifs à bord…). Sans pouvoir les dénombrer, des milliers de civils laotiens sont tués. Notamment dans la région du Nord Est que nous découvrons à présent (et sur le HoChiMinh trail). Le géant américain s’est acharné dans ces régions montagneuses sur les 2,5 millions d’habitants sans défense.

 

 

  

 

  

Les cratères de bombes sont bien visibles dans cette surprenante Plaine de Jarres, près de Phonsavan. (L’origine de ces immenses jarres, datant probablement de av JC ? est incertaine : crémation ? Vin ? etc.). De même que les signes du déminage récent.
Dans cette ville poussiéreuse sans intérêt, et dans les villages alentours, la mémoire des atrocités de la guerre est très vive : de nombreux objets de la vie courante sont créés à partir du métal des bombes, inexorablement très solide (barbecue, couteaux, lampes, jardinière, porte-clés, etc.), des films et documentaires retraçant l’histoire sont projetés tous les soirs dans les restaurants de la grande rue.

Sur place, l’UXO LAO (UneXploded Ordonnance), organisation gouvernementale laotienne, et le MAG (Mines Advisory Group, organisation non-gouvernementale britannique), travaillent sur le terrain au déminage, à la conservation des mémoires et à la prévention auprès des populations locales : vivant principalement de l’agriculture, les laotiens recherchent de plus en plus de terre pour leur subsistance, terres souvent polluées par des explosifs n’ayant pas détonnés. Par ailleurs, certains métallurgistes bravent les dangers afin de récupérer leur matière première.  Les enfants, quant à eux, sont attirés par la jolie forme de balle des bombies pour jouer. La secret war fait encore aujourd’hui 117 morts par an au Laos. Nous, prudents, ne sortons jamais des sentiers battus.

 

 

 

 

Nous continuons à Sam Neua, un peu plus à l’Est, ou les paysages karstiques typiques du nord du Laos ont permis aux laotiens de se mettre à l’abri dans de nombreuses grottes, plus ou moins bien aménagées.

 

 

Nous visitons le haut lieu de l’administration, de la politique et de la résistance laotienne durant ces 9 ans de bombardement à Vieng Xai : des kilomètres de conduits et de salles ont été creusés dans la roche pour abriter les 4 ministres les plus importants, qui tentent une résistance, essayent de contrôler la guerre civile (opposant le Pathet Lao et les forces royalistes) qui fait rage et accompagne les bombardements américains. Et qui, par la suite, joueront un rôle très important dans la construction d’un pays unifié.
Une (sur)vie s’organise ici, entre les différentes grottes: chambres, cuisines, toilettes, salles de meeting, hôpital, salle des urgences (sorte de bunker), base militaire, théâtre, etc.

 

 

 

 

 

  

 

Loin de tout cela, Vieng Xai ressemble aujourd’hui à un petit paradis : les jardins de fleurs, les arbres fruitiers, et les nombreux lacs. Après une riche visite du site, nous profitons de notre petite chambre paisible sur le lac…avant de partir pour le Vietnam.

 

Le soulèvement de la population américaine face à une guerre lointaine, tellement couteuse (2 millions de dollars par jour) et les prises de conscience générales auront raison de cette guerre en janvier-février 1973. Le Laos peut enfin se chercher une identité.

La vie quotidienne

Au-delà de cette histoire tragique, il y a les histoires drôles que nous vivons chaque jour! Et toujours en bonne compagnie ! Parmi tous les touristes français qui voyagent, nous trouvons quelques perles rares avec lesquelles nous passons des moments inoubliables : nous citerons André, qui, un soir à Luang Namtha, 2 minutes à peine après les présentations J demande à nous accompagner pendant 1 jour ou 2, à la rencontre des villages tribaux. Il voyage seul, et pour la première fois : c’est une découverte totale! Nous partageons un canard entier grillé à la broche au marché du soir, et l’affaire est jouée : nous partons à l’aventure ensemble pour quelques jours!
Au même moment, ou presque, nous croisons Baba (de son prénom Romain, mais pour éviter toute confusion, nous l’appellerons Baba ! J ) et Clara. Quelques jours plus tard, Ludo se fera connaitre !
Voilà donc une jolie petite troupe française dans la région Nord du Laos pour une dizaine de jours…

Sans vraiment prévoir de se suivre, nous nous croisons et recroisons. Puis, de fil en aiguille, on s’organise pour voyager un peu ensemble. Quand on se quitte (une bonne fois pour toute !), le hasard remet l’un ou l’autre sur notre route (y’en a pas beaucoup des routes, du coup, c’est assez facile… J ).
Nous partageons beaucoup ensemble : les découvertes laotiennes bien sûr, presque les chambres (séparées par du bambou fin comme du papier à cigarette), les parties de tarot, les blagues, les bonnes recettes françaises, les galères, etc.  Nous apprenons les techniques de négociation avec Baba (les négociations sont toujours serrées pour les transports, les locations, les nuits, la nourriture, etc. : nous essayons de réduire les couts sur ces postes, car les transports coûtent assez chers au Laos !) nous fêtons l’anniversaire de Clara (avec un énorme plateau de fruits et beignets! Mmmmh!). De très chouettes moments !

Nous apprendrons aussi par la suite qu’André a finalement réalisé son rêve et acheté un scooter (et nous le croiserons sur notre route même, pendant une pause déjeuner de notre bus !!). Le scoot, c’est bien, mais c’est épuisant on dirait…pluie, poussière, routes cabossées, il faut quand même avoir la foi ! En ce qui concerne l’orientation, c’est plutôt simple en revanche, quelques villes d’importance, reliées par une unique route ! Et plein de petits villages typiques au bord de cette route J

Pour ce qui est de la vie courante, une journée laotienne, on peut dire que c’est ça :

Je commence la journée au marché du matin. Je prends mon petit déjeuner local (qui consiste en une soupe de nouille, avec quelques flottants de viande non identifiée et quelques légumes, dans un bouillon insipide) entouré par la viande crue, les abats, le poisson cru ou séché, les fruits et les légumes, les vendeurs de beignets, etc !

 
A midi, je déjeune dans un boui-boui ou je comprends pourquoi les locaux sont fins : les portions sont quand même souvent légères !

Je pars en excursion dans les villages. La conversation est la suivante :

–          Moi : Sabaidee (bonjour)
Lui : Sabaidee (bonjour)

–          Moi : Sabaidee bo (comment ça va ?)
Lui : Sabaidee (ça va), kopchai (merci)

–          Moi :Sabaidee (au revoir)
Lui : Sabaidee (au revoir)

Dans l’après-midi, je n’oublie pas de faire mes achats au dry Market (bric à brac incroyable !).
Je croise quelques commerçants en me promenant en ville, les propositions affluent :

– Sabaidee tuk-tuk ?
– Sabaidee boat ?
– Sabaidee room ?
– Sabaidee waterfall ?

 

J’admire les locaux, qui jouent au volley, à la pétanque, au foot-volley local, ou au…au…fil ? Comment dire ? Le but est d’attraper le fil en hauteur avec ses pieds… !??

 

J’assiste à un accident de scooter, du à un abus de Lao-Lao (whisky local très abordable en terme de cout !). Pour lui, bien que sérieusement amoché,  pas d’hôpital (!!!) : il avait qu’à être raisonnable nous disent-ils…
Je termine ma journée au marché du soir…ou je déguste des plats grillés délicieux !
Apres une bonne douche froide, je m’endors dans mes draps (déchirés, mais souvent propres), parfois accompagnée de quelques puces de lit, dans ma guesthouse toute défraichie…

 

 Pour votre plaisir, le lot de petites galères
– Romain chute dans les escaliers de l’embarcadère à Nong Khiaw, chargé de nos 2 gros sacs : râpage des 2 tibias, et épilation gratuite !
– Un jour, ne souhaitant pas payer le parking, nous garons nos vélos non loin de là (d’accord, sur le poteau du panneau Parking).  Résultat : un pneu intentionnellement crevé (celui de Baba évidemment !) J

 

– Location de scooter : la direction bloque un peu, mais on ne s’en inquiète pas plus que ça. Durant la journée, il nous a fallu redresser la roue…C’est dangereux, donc en rentrant, on en informe le loueur. Résultat : il nous faut payer le dépannage !! C’est injuste ca nan ? Depuis quand on paye pour des défauts d’usure ? L’affaire se conclut en 50/50 en terme de frais de réparation entre le loueur et…et…Baba (à qui la chance sourit avec les locations !!)
– Il arrive parfois qu’après avoir dégusté votre plat, le prix change au moment de le payer : dans ces conditions, ne vous énervez pas, posez l’argent du sur la table et tirez-vous en courant prendre votre bus !!! J
– Il est aussi possible qu’on vous dise que vous n’avez pas payé : élevez votre voix grave et pointer du doigt la personne à qui vous avez donné l’argent : elle prend peur. Choisissez le moment où elle se brouille avec sa collègue pour partir.
– Trouver la place stratégique dans le bus est très complexe : espace pour les jambes, siège potable, pas trop à l’arrière pour les bosses, etc. Pourtant, vous ne saurez jamais à l’avance si la personne assise à vos côtés passera ou non son trajet à vomir dans un sac plastique !! (pour votre culture, le sac une fois rempli, est fermé, et balancé par la fenêtre : j’aimerais pas être le scooter juste derrière !)
– Il reste que, sur les routes, en scooter, il est très difficile de ne pas écraser une vache, un canard, un poussin, un porc ou une poule ! Prudence, prudence !

 

 

 

Voila pour nos aventures laotiennes! Nous gardons un excellent souvenir de ce pays accueillant! A nous le Vietnam!