Légende d’une dent sacrée cinghalaise…

Rassérénés par nos quelques jours de repos et impatients de vivre de nouvelles aventures, c’est dans cette île lointaine, assez méconnue de nos contrées, que nous partons à la recherche de la dent sacrée du pays de Ceylan, sous l’œil des dieux protecteurs du Sri Lanka (Natha, Vishnu, Kataragama et Pattini).

Quand bouddha mourut à plus de 80 ans, quelques siècles avant JC, et à l’issue de sa crémation, les reliques épargnées par le feu furent pieusement conservées au cœur des stupas, à travers le monde. La légende dit que sa canine aurait été apportée d’Inde au Sri Lanka au IV^ème siècle, par la princesse Hemamali, qui l’avait dissimulée dans ses cheveux. Cette relique fut par la suite conservée par les rois successifs gouvernant le pays et voyagea à travers l’île lors des invasions portugaise, hollandaise et britannique afin d’éviter qu’elle ne tombe dans des mains étrangères.

Ainsi, nous décidons de partir sur les traces de cette relique à travers l’île, plongeant au cœur de la culture cinghalaise, à la rencontre des nombreux pèlerins…

 

Nous débutons nos recherches par l’une des anciennes capitales de l’île : Anuradhapura. Cette cité sacrée (établie autour d’une bouture de l’arbre de l’éveil, le figuier) à 200 km au nord de Colombo fut fondée par le roi Pandukabhaya au 4^ème siècle avant JC et s’enrichit de temples, monastères, dagobas au cours des siècles suivants, pour devenir un lieu de culte majeur du Sri Lanka.
Aujourd’hui encore, de nombreux pèlerins habillés de blanc, nus pieds, décorent les dagobas de bandeaux multicolores et prient : brûlant de l’encens, cheminant inlassablement autour des monuments, inondant d’offrandes les statuettes de bouddha, ou suspendant leurs prières sur le Bodhi tree.
Nous ne trouvons pas la relique sur ces terres, mais nous nous promenons au travers des somptueuses ruines, sous un soleil d’été, en nous arrêtant parfois pour observer la faune sauvage J

 

 
  
 
  
 
 
 

Nous poursuivons donc nos prospections vers l’immense rocher de Sigiriya, haut de 370 m et probablement issu d’une poussée volcanique, qui fut aussi en son temps, la capitale de l’île.

Le palais royal se découvre au sommet du rocher, après avoir grimpé, via des escaliers peu rassurants, les abruptes parois.
La cité qui s’étend tout autour est protégée par deux enceintes ; elle présente un système complexe de bassins d’irrigation et de nombreuses constructions aujourd’hui en ruine.

 
   

En chemin vers le sommet, nous admirons les galeries rupestres où sont représentées les demoiselles de Sigiriya et le mur des miroirs, tellement poli qu’il est aujourd’hui aussi lisse que du marbre : inscriptions anciennes et graffitis récents s’y mêlent. Un passage entre les pattes du lion nous permet d’atteindre le palais en ruine, où un panorama grandiose s’offre à nous, mêlant le vert de la jungle en contrebas, le bleu du ciel et l’ocre du sol que nous foulons. Après avoir cherché, demandé, tourné et retourné dans ces immenses terrasses, aucun signe de la relique ici. Nous visitons même le musée, espérant glaner quelques informations…

 
 
 
 

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Dambulla et son grand rocher de granit : pour explorer le Golden Temple et les 5 grottes au sommet du rocher où se cachent  quelques centaines de bouddhas et de superbes peintures.

 
 
 

Mais rien. Nous devons faire appel à des professionnels afin de retrouver la relique. C’est ainsi qu’Adeline et Aymeric, archéologues-anthropologistes lyonnais,  acceptent ce défi et nous rejoignent…

Après une arrivée confuse à Colombo, nous nous retrouvons finalement à l’hôtel pour planifier nos futures actions. Afin d’entériner notre collaboration, nous partons prendre un verre tous ensemble, dans un bar local : pièce noire et enfumée, de nombreux sri lankais, seulement 2 femmes (Adeline et moi), des regards interrogateurs. Nous passons un très bon moment, qui se conclut avec un burger végétarien sur une terrasse improvisée au milieu du trottoir, à quelques pas de là.
Nous profitons bien sûr de nos moments de détente pour visiter la ville : la grande esplanade faisant face à l’océan, les quais animés par les baraquements de snacks locaux, les rues animées de nuit, etc.

 
 

Le jour suivant, ayant perdu momentanément un compatriote, c’est en trio que nous partons à la recherche de la dent sacrée : afin de mettre toutes les chances de notre côté, nous nous faisons bénir au temple hindou du coin avant de nous diriger vers les quartiers présidentiels, les quartiers militaires et l’ancien fort, le phare et la jetée, le temple suspendu du port et sa belle vue sur l’océan, le temple de Gangarama et son célèbre éléphant, le lac Beira, le parc Victoria et son ancien City Hall…
Aucun signe de la relique. Il nous faut continuer à avancer !

 
   
 
  
 

  
  

 
 

Nous récupérons notre compère et partons en train pour le sud, en direction de Galle. Cependant, en chemin, nous nous arrêtons pour une étape touristique du côté de Kosgoda. Un collègue zoologue-paléontologue nous conseillât en effet de prendre le temps d’observer ici les tortues marines…
Après avoir enfin établi notre camp, dans un vieil hôtel plutôt sommaire, nous nous détendons en jouant au tarot devant une bière partagée ; nous dînons au bord de l’océan ; après quelques heures à patienter, nous partons en balade de nuit sur la plage pour espérer y découvrir des tortues géantes pendant la ponte. Bien qu’avec deux jeunes locaux, nos vœux ne seront pas réalisés ce soir-là : nous passons cependant un joli moment et découvrons d’autres curiosités sur cette plage…

 
   

Ayant profité de l’océan et des immenses rouleaux (nous recensons, mise à part des lunettes retrouvées in extrémis, la triste perte d’une casquette et d’une fourchette – oui, je sais, ça semble bizarre dis comme ça…), nous reprenons un bus, attrapé bravement au bord de la route, qui nous emmène à Galle, port principal de l’île au XVI^ème siècle.

 

Nous espérons trouver la fameuse relique au sein de cette magnifique ville fortifiée, peut-être dans l’une des anciennes demeures néerlandaises (l’architecture portugaise n’est plus visible, car rayée par les colonisateurs suivants !), magnifiquement conservées et réhabilitées en hôtel, ou dans un des recoins de ces petites ruelles pavées, ou bien encore dans les rochers bordant l’océan azur.

La cité est éclatante de son héritage européen : un phare, le rempart, le musée maritime, les anciens bâtiments comme la poste, les magasins d’artisanat investis par les caucasiens.

 
 
  
 

Nous visitons aussi les extérieurs de la ville et son marché de poisson, de légumes, de thé et d’épices, ses rues agitées et surpeuplées. L’apéro se prend sur la jetée pour nous ce soir-là, avec un énorme soleil orange qui éclaire encore les joueurs de foot. Nous partageons quelques bières locales et une petite chopine d’arrack (alcool de cocotier).

 
 

De retour dans le vieux Galle, nous goûtons les spécialités de Kothu (roti émincé avec des légumes, du poulet, des épices, etc.) en nous promenant dans la fête foraine : ici, les quelques manèges amusent petits et grands, les stands de loterie et de paris sont nombreux, et le lancer d’anneaux se fait autour de bouteilles de bières ou directement autour du cou des canards !

 
 

Le lendemain, nous partons pour Hikkaduwa en bus : la destination tant attendue de notre séjour, non pas pour y trouver la relique, mais pour y fêter la nouvelle année, au bord de l’océan ! Nous avons prévu de rester deux nuits ici et avions réservé préalablement un joli hôtel : nous prenons nos quartiers chacun dans un petit bungalow, pas très loin de la piscine ! La classe !

 

La ville présente peu d’intérêt : des boutiques de souvenirs, de vêtements, des agences de voyage, des magasins d’alcool (ouverts entre 10h et 21h environ, fermés les jours fériés et les jours de poya – pleine lune), de nombreux hôtels et restaurants. Après en avoir fait le tour, nous allons nous baigner à la plage, et nous lézardons quelques heures, avant que la nuit nous rattrape.

 
 

Pour ce soir de fête, nous retrouvons Andy et Marianne, deux autrichiens rencontrés lors de notre chouette repas de noël la semaine précédente. Nous formons une belle tablée, mangeons bien, buvons du vin et de la bière (à défaut de pétillant – ils n’en ont pas ici), discutons en allemand et anglais, et partageons de chouettes moments, pieds nus dans le sable, en regardant les quelques feux d’artifice !
Nous rentrons en tuk-tuk de la soirée !  et… arrivés à l’hôtel … ni une, ni deux, nous plongeons : il est 4h du matin, et nous sommes en 2014 !

 
    

C’est un 1^er janvier au calme que nous passons, entre le restaurant de l’hôtel, nos lits respectifs, les transats, et la piscine : nous récupérons !

 
 

Il est déjà temps de repartir, après cette pause luxueuse, sur les traces de notre relique ! Nous prenons un chauffeur à la journée : au programme, réserve naturelle d’UdaWalawe et Haputale.

Vers 10h le matin, nous entrons dans le parc national : nous partons alors pour un safari d’environ 3h en jeep ! Et nous sommes émerveillés par la nature que nous découvrons ! Nous profitons de l’œil de lynx de notre guide pour observer de nombreux oiseaux multicolores, des varans, des caméléons, des crocodiles, des tortues, mais aussi des familles entières d’éléphants, tous évoluant dans leur milieu naturel. C’est impressionnant d’être si prêts d’eux !
Au cours de notre expédition, nous essayons de secourir un autre groupe d’aventuriers enlisé dans la boue : hélas, sans succès.

 
 
  
  

Nous reprenons notre route pour arriver à Haputale à la nuit tombée. Ici, nous sommes dans la montagne, il fait frais et la brume nous enveloppe. Pendant que les hommes de l’expédition partent dans la ville inconnue, dans la nuit noire, à la recherche de nos billets de train pour le lendemain, nous restons Adeline et moi dans la chaleureuse auberge où nous avons trouvé refuge pour la nuit. Ce soir-là, nous partageons un Rice and Curry (riz, dhal, papadam (biscotte), légumes…etc.)

Au lever du jour, dans la fraicheur matinale, nous partons sur les pas de Sir Lipton : sa plantation de thé est immense ! Hélas, le mauvais temps ne nous ne permet pas d’admirer l’ensemble de son domaine au sommet…nous visitons en revanche l’usine et apprenons toute les étapes de la confection d’un bon thé, de la cueillette au conditionnement, en passant par le séchage, le hachage, le tri, etc. Nous ne manquons pas d’acheter un peu de thé de Ceylan.

 
 

 
 

 
 

Revenus à l’auberge, et après un petit déjeuner copieux, nous partons en gare, pour entamer notre voyage vers Kandy, où nous espérons bien trouver la fameuse relique! La première classe du train, panoramique, bien qu’assez coûteuse, n’a rien de plus à offrir que les autres wagons, mais nous faisons un superbe voyage à travers les montagnes : toutes fenêtres (et portes) ouvertes, nous profitons du paysage. Le vieux train chemine lentement de villages en villages, et nous berce jusqu’à Kandy, où nous arrivons avec 1h de retard…

 
 

Nous rejoignons le centre, posons nos affaires à l’hôtel et partons découvrir cette jolie ville, patrimoine mondial de l’Unesco. Nous nous promenons au bord du lac, et allons dîner.

 

Dès le lendemain, nous repartons sur les traces de la relique : forts de nos recherches, nous sommes persuadés de la trouver ici, dans un des lieux les plus emblématiques du Sri Lanka, un lieu de pèlerinage par excellence. Sans perdre de temps, nous allons visiter le temple de Dala da Maligawa… Après qu’Aymeric ait acheté un sarong, pour couvrir ses genoux, nous entrons dans ce grand complexe… plus communément appelé temple de la dent !
C’est en effet ici, dans la foule de pèlerins, que nous trouvons la relique…ou pas. Impossible de la voir, pourtant on nous affirme qu’elle est bien là. Des milliers d’offrandes de fleurs (lotus et frangipanier) sont faites ici, dans ce temple construit au XVIIème siècle. Les intérieurs sont richement décorés, de dorures, d’ivoire, de bois sculpté.

Les célébrations sont ici quotidiennes, et les rituels très nombreux. Les parents viennent en nombre bénir leur nouveau-né. Nous visitons aussi les temples attenants de Vishnu et Natha, les bodhi tree, la salle des shrine, le petit musée archéologique ; nous rencontrons aussi Raja, éléphant royal (empaillé) qui porta la relique pendant de nombreuses années sur son dos, durant la procession de la fête de Perahera (la plus grande célébration bouddhiste autour du temple, célébrée tous les étés depuis 1774).

 
 
 
  

Nous avons donc trouvé la relique, mais n’avons pas pu la voir, puisqu’enfermée à triple tour dans son tabernacle…c’est un peu décevant… J Elle n’est exposée qu’en de rares occasions. Certains disent même que cette relique est une copie et que la vraie dent est cachée quelque part, protégée des bandits…

Pour se remettre, nous prenons quelques beignets (légumes, poisson etc.) à emporter et allons découvrir le centre-ville, ses rues animées, son marché central où nous achetons quelques souvenirs et des épices. Nous prenons une pause chez Helga (source d’inspiration au titre Madame Helga de Stereophonics), dans les hauteurs de la ville, pour y découvrir toute les bizarreries (et tous les acariens) de cette maison d’architecte et rentrons finalement dîner à l’hôtel avec chacun notre petite barquette !

 
  

 
 

Il est déjà l’heure de notre dernière soirée ensemble… 😉

Nous partons tôt le lendemain pour trouver un bus, direction Négombo : le départ est très chaotique, on attend, on change de bus, on attend, et on attend encore, quand, enfin 2h plus tard, le bus démarre : puis c’est un bal incessant de voyageurs, montant, descendant du bus, qui se bousculent…Nous arrivons enfin (!) à Négombo où nous rejoignons l’hôtel d’Aymeric et Adeline. Nous avons le temps de nous poser sur le toit-terrasse, avant de repartir, Romain et moi, pour l’aéroport et nos 2 jours de trajets vers l’Amérique du sud.

Nous nous quittons là, après avoir vécu de très belles aventures ! Nous sommes un peu nostalgiques : nous quittons nos amis, et l’Asie. Mais nous sommes heureux de pouvoir découvrir d’autres contrées, bien différentes et pleine de promesses vers d’autres océans !