Riri, Fifi et Loulou : à l’image de nos 3 castors juniors, 3 pingouins seniors sont partis pour 1 mois à la découverte de la Patagonie : cette terre sauvage parfois hostile et mystérieuse, ayant attirée tant de navigateurs (itinéraire obligatoire, bien qu’extrêmement dangereux, avant la construction du canal de Panama), de commerçants, d’historiens, de scientifiques. De curieux !
Devant ces paysages contrastés, de roc, de forêt et broussaille, de glacier, ce climat instable et exigeant, devant cette immense Cordillère des Andes entre le Chili et l’Argentine, il apparaitrait ingénieux de partir bien équipé : ce qu’il vous faut avant tout, c’est un manuel de survie !
Que voici.
Riri et Loulou arrivent dans la nuit noire et froide du 22 février 2014, à Ushuaia, sans pouvoir distinguer l’océan -(ou plutôt un bras de l’océan pacifique : baptisé Canal de Beagle, du nom du navire britannique MHS Beagle, qui, sous le commandement du navigateur FitzRoy, permit au célèbre naturaliste, Charles Darwin, de faire ses premières observations)-
Nous trouvons refuge et nous endormons pour une courte nuit.
Outils / Matériel : une polaire, une lampe torche, un bon réveil pour ne pas rater le check-out de 10h. Ne pas estimer pouvoir être de bonne humeur le lendemain matin, quand 1 fois parmi tant d’autres, une israélienne a établi son camp de base dans la salle de bain.
Fifi ne tarde pas à les rejoindre. Ensemble, nous partons explorer cette ville du bout du monde (qui n’est plus vraiment la ville la plus australe, puisque Puerto William, au Chili, sur l’autre rive du canal, ne cesse de s’agrandir !). Pas de défi pour nous dans cette « station de montagne » : des boutiques de souvenirs, des boutiques d’équipement, des restaurants, des cafés, etc. Un petit marché artisanal, l’office du tourisme et ses tampons souvenir.
Dans l’idée, les aventuriers que nous sommes adorent se retrouver là : Pacifique, Atlantique, Antarctique, soit la rencontre de 3 océans, un ensemble agité ! Nous préparons alors notre première expédition en terre de feu, le soir même : vivres, conseils avisés.
Parque Nacional Tierra del fuego évoque les premiers indigènes, qui vivant nus en ces terres glaciales, faisaient du feu, plein, partout, pour se réchauffer, même dans leurs embarcations de bois ! Dans la fraicheur matinale, nous longeons les rives de Lago Roca, et du canal : ibis, condors, pics de Magellan, écrevisses, sur fond de montagnes enneigées. Nous atteignons la frontière Chili-Argentine, profitons d’une pause thé, au soleil, qui enfin perce à travers les nuages. Photo étincelle (comme nous les filles on aime !).
Dans les lueurs du soir, nous rejoignons notre campement. Et plantons nos tentes. Comme les indigènes (mais pas nus, ni même en peinture de fête), nous essayons de nous réchauffer.
Loulou, l’experte vous conseille :
« Pour faire un feu, il nous faut : un peu de paille. On prend ce que l’on trouve finalement, quelque chose qui brûle vite et bien. Du bois, plus ou moins sec, surtout dans cette région australe ! N’hésitez pas à vous faire assister. Choisissez des branches au sol, vous préservez ainsi les arbres du parc national. Un briquet, parce qu’on vit dans les temps modernes ! Et une brindille qui vous sert d’allumette (pour ne pas vider votre briquet !). Avec un peu de technique et un peu de chance, le feu prend tout de suite !
C’est en général à ce moment-là que le ranger arrive ».
Le ranger du parc dit :
– Bonjour. Espagnol ? Anglais ?
– Bonjour ! Anglais, Mr le ranger ! sûre de moi.
Il répond avec agressivité :
– Ok. Vous savez lire ?
– Euh oui… ?
– ffkjhvd ddjdfjffjdv alddfjfjvh jfldjk, freeo errfiurh eirfiwws, efirfieudh !
– ???
– Vous comprenez l’anglais ou pas ??!!
– Euh… ???
Après quelques minutes de solitude…nous comprenons : il est interdit de faire du feu avec le bois du parc, nous aurions dû amener notre charbon, ou notre bois industriel. Ah. (C’est effectivement ce qu’il est écrit sur le panneau, mais l’anglais est parfois bien subtil…) On éteint le feu. On se réchauffera une autre fois. Nous esquivons l’amende !
La soirée est courte (et fraîche !). A la tombée de la nuit, nous nous enfilons dans nos sacs de couchage. 0 degré. Froid. Froid. Froid.
Ce matin, il y a de la glace sur la tente. Nuit glacée. Cependant, Riri, Fifi et Loulou restent interdits devant le paysage, le ciel bleu, le soleil. La montagne nous gagne !
Conseils techniques : se renseigner sur les températures la nuit quand on veut camper, et s’équiper en conséquence. S’isoler du sol avec un matelas peut être une bonne idée. Ne pas hésiter à demander gratuitement de l’eau bouillante dans les centres d’interprétation, à conserver dans votre thermos ! Par ailleurs, en Patagonie, on ne joue pas avec le feu : renseignez-vous préalablement ! De nombreux parcs interdisent même de brûler son papier toilette ! Pour info, sans préjugés, certains israéliens ont brûlés quelques hectares de forêt en Patagonie…
Ce jour-là, séparation de l’équipe. Riri et Loulou grimperont le cerro (mont) Guanaco tandis que Fifi, la naturaliste du jour, restera au niveau de la mer pour observer les castors (tout du moins leurs travaux en cours), les renards gris peu sauvages, des sortes de rapaces (?). Les beaux paysages du parc.
L’ascension est très sportive dans la forêt primaire, très boueuse dans les tourbières de plateau, très dangereuse sur le flanc de montagne : chemin non stabilisé, caillouteux, enneigé et glissant, prise au vent importante surtout avec le sac à dos. Effrayant ! A l’arrivée, la récompense !!! Vue à 360 degrés. Sur Ushuaia, le canal de Beagle, la chaine de montagne, le lac…
La joie, la gratitude, la fierté, la fatigue, le froid, la peur de la périlleuse descente : une larme pour tous ces sentiments mélangés. Et zou ! On y va !
Fifi nous attend là, nous prenons le bus, partageons nos découvertes et rentrons nous reposer, au chaud !
Philosophie de la découverte : comme Fifi nous le démontre bien ici, ne pas surestimer ses forces : plutôt choisir un autre itinéraire si l’envie n’est pas là, et faire des découvertes différentes, de façon agréable ! Comme Riri et Loulou, quand la motivation est au top, se dépasser parfois, pour vivre intensément, dangereusement (un peu, mais pas trop) et gagner ses panoramas !
Le trio d’aventuriers rejoint Punta Arenas, Chili, en une journée de bus. Tout en visitant la ville (plutôt classique), nous programmons une excursion sur Isla Magdalena le lendemain, pour observer les pingouins.
Il ne nous faut pas moins de 2h de ferry pour rejoindre l’île, 1h d’attente pour baisser le pont (problème technique, nous donnant l’occasion de lire le contrat. Nous y trouvons cette clause spécifique : « si le pont ne peut se baisser pour des raisons techniques, et que le client ne peut débarquer sur l’île, il ne sera remboursé qu’à 50 pc » : c’est du joli !), 1h sur l’île finalement (!), 2h de ferry retour. Une journée au ralenti pour observer les mouettes, les mouettes mortes, les pingouins et les pingouins morts.
Les pingouins (ou manchots…euh…la confusion, car en espagnol, on dit pingüinos, mais ce sont des manchots! – erreur donc dans l’article précédent –) vivent en couple toute leur vie (le divorce n’existe pas !), construisent un unique nid sur l’île où ils viennent pondre chaque année. Le mâle et la femelle se relaient pour couver, et nourrir ensuite bébé. Ils s’activent si bien qu’ils deviennent plus maigres que leurs jeunes ados!
Forts de ces nouvelles connaissances, nous partons à Puerto Natales.
Nos objectifs sont fixés, élevés : marcher sur le « W » du Parque nacional de Torres del Paine en 3 jours, soit environ 80 km. Arpenter la montagne, combattre le vent, monter/démonter la tente, se ressourcer aux rivières et pauses-céréales, découvrir nos premiers glaciers au cœur de cette 8ème merveille du monde, selon les rangers. En toute objectivité, l’Amérique du Sud nous offre ici l’un de ses plus beaux parcs.
Nous suivons le soleil, partons à l’aube, nous arrêtons au crépuscule, prenant le parti de marcher pour maintenir notre corps à une température décente. On profite ainsi du parc différemment, nous sommes souvent à contre-courant des autres marcheurs !
jour 1 : Glacier Grey. 12h (arrivée en bus)-20h30 : 26 km, dénivelé max : 200m
jour 2 : Glacier de la vallée francès. 6h30-20h : 32.5 km, dénivelé max : 800m
jour 3 : Torres Del Paine. 7h-17h : 22 km, dénivelé max : 900m
Ce défi physique nous remplit de courbatures, d’ampoules certes. Mais surtout d’émotion, devant la nature : lacs glaciaires turquoise, iceberg bleus changeant de jour en jour, soleil éclatant (2h de pluie seulement), immenses tours (Torres) de granite. Les photos parlent pour nous.
Très impressionnants aussi sont ces hectares de forêt brûlés (maladresse de l’homme) où la nature essaie de retrouver ses droits, l’eau claire et glacée des torrents que nous buvons, les lièvres qui détalent sous nos pas, ces grandes fleurs roses et blanches qui envahissent les sous-bois, les oiseaux multicolores, etc.
Et nous marchons, nous marchons encore. Encore et toujours, galvanisés par l’air de la montagne. Nous sommes heureux !
Outils / Matériel : de grosses chaussettes et son bonnet de laine, pour dormir avec ! La lampe torche, toujours indispensable, quand lors d’une soirée cocasse nous recherchons un mirador (point de vue), de nuit, pour admirer le glacier Grey. Pas si simple !
Une tente : le camping sauvage est interdit, la surveillance efficace, nous payons donc nos emplacements (assez chers), mais profitons de la douche chaude, et des thermos d’eau bouillante (à défaut d’avoir un réchaud, qui finalement, ne nous apparait pas si utile !).
Un jour, une souris grignote la moustiquaire de notre tente, grignote le sac plastique, grignote l’emballage du paquet de gâteaux aux céréales, grignote un tout petit morceau de gâteau – elle avait plus faim à mon avis – et regrignote le sac plastique, et regrignote la moustiquaire pour sortir de la tente : quelle sotte !
Au 3ème jour, les objectifs sont remplis, nous attendons Fifi au camp de base. Elle n’arrivera jamais. Riri et Loulou s’enfilent dont deux bouteilles de vin (il y avait une promo…) dans la soirée !
Nous rentrons en stop, puis en bus et retrouvons avec joie Fifi, équipée de nouvelles chaussures de marche ! Et nous ayant trouvé un nouveau nid, fort sympathique. Nous festoyons ensemble au restaurant !
Notre prochaine étape est El Calafate (Argentine), petite ville et son marché de noël sympathique (comment ça, nous ne sommes pas à noël ?) d’où nous pouvons faire une excursion au glacier de Perito Moreno : 5km de long, 60 m de glace émergée, l’un des rares glaciers n’étant pas en régression. Plus la glace est compacte (pas de bulles d’air), moins les courtes longueurs d’ondes (le bleu) sont absorbées : nous voyons donc de belles nuances de bleu.
Étrange expérience où pendant près de 6h, nous observons le glacier. Nous nous déplaçons sur un sentier balisé, de quelques kilomètres, à la recherche de l’angle parfait, dans l’attente d’une action qui n’arrive pas. Au début, c’est déroutant, un peu long.
Peu à peu, on l’observe plus distinctement : ses dégradés de couleur, ses fissures. Les petits bateaux, si petits devant l’immensité du glacier. On l’écoute plus attentivement : craquement, grondement, clapotis, éclaboussures.
Puis, c’est l’extase quand enfin, on voit une plaque se détacher, et former un iceberg ! On se familiarise petit à petit.
Et nous observons. Nous attendons. Nous patientons. Nous réfléchissons et nous discutons. Nous mangeons aussi. On vit avec le glacier, on ne le quitte plus des yeux.
L’expérience, bien que très onéreuse, vaut le détour.
Philosophie de la découverte : prenons le temps d’observer la nature. Ses singularités, ses mystères. La faune, la flore. C’est en s’arrêtant, quelques instants à quelques heures que nous comprenons mieux son fonctionnement.
L’étape suivante est El Chalten, petit village de montagne, aux tendances roots, où notre arrivée de nuit est mystique : le célèbre Fitz Roy nous attend. La lune éclaire faiblement la montagne, la brume taquine le sommet enneigé. Intimidant.
Pas grand monde au village par cette nuit froide et ventée. Allons-nous rencontrer un vieux sorcier, faire l’objet de quelques diableries… ? Le premier hostel est plein, il nous faut continuer dans les rues obscures… Nous trouvons refuge, dans un hôtel…vide… chiens qui aboient. Grincement de porte…
Mais, en fait, les couvre-lits sont fleuris, on se fait un bon plat de pâtes au jambon, et on met le chauffage à fond dans la chambre. Une bonne nuit nous attend ! J
Hélas, le lendemain, les nuages enveloppent les montagnes. Nous partons marcher 5h, mais le vent glacé, chargé de graviers, nous fouette le visage et nous ne poursuivons pas jusqu’au mirador (plutôt embrumé, de toute façon !). Après cette randonnée écourtée, nous rentrons déguster la bière locale et faisons une overdose de popcorn. Pour compléter le tout, nous faisons une overdose de pizza. Sans compter sur l’aide de ce mauvais vin de table servi en pichet-pingouins : Riri et Fifi adorent ! Loulou reste perplexe et frôle l’indigestion.
Opération Chiloé
Nous réservons un ferry pour le 7 mars partant de Puerto Chacabuco pour Quellon, sur l’île de Chiloé. Encore faut-il atteindre Puerto Chacabuco en 2 jours. 900 km environ : c’est notre Pékin express !
Un bus de nuit nous emmène à Los Antiguos, petit poste frontière pour rejoindre à nouveau le Chili. Arrivés là, plusieurs équipes sont en compétition : israéliens, japonais, français, etc. ! Fair-play, nous laissons passer le premier bus s’apparentant à une boite de sardines, et prenons le second pour rejoindre Chile Chico, au Chili.
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Toutes les équipes sont là, dubitatives.
Ici, 2 solutions : la route où nous envisageons faire du stop ou le bateau pour rejoindre Rio Ibanez plus rapidement et continuer en direction de Coyhaique. L’office du tourisme nous informe que le prochain bateau n’est pas avant le lendemain 16h. Ouille ! C’est hors de question. Nous trainons au port…discutons avec les marins… et trouvons finalement un ferry qui part le soir-même ! Les autres équipes restent bloquées à Chile Chico.
Pour nous, voyage en fond de cale, très mouvementé : pas agréable, voire pas agréable du tout pour Fifi. Sur le bateau, nous rencontrons Eleuterio, chilien, 25 ans (de couleur blanche à verte lui aussi, comme Fifi !)
Arrivés à Rio Ibanez vers 20h, il fait nuit, il nous faut encore rejoindre Coyhaique pour y faire étape. Qu’à cela ne tienne. Nos récentes relations chiliennes nous trouvent 3 places dans un minibus, hop !
Nous arrivons émotionnés (face à une telle victoire! 850 km parcourus) et fatigués. Il est 22h passé. La nuit ne fait que commencer !
Nous trouvons une auberge, prenons une douche délassante et une soupe chaude et partons visiter la ville, de nuit, avec Eleuterio. Ce jeune mineur (mine d’argent) est ravi de nous faire découvrir sa ville, ses statues, son église, ses points de vue (dans la nuit noire !?) : nous devons prendre la pause devant chacune des attractions ! Tout ceci, dans une épave roulante. Il est maintenant l’heure du karaoké ! Nous participons 1h et rentrons, extenués. Mais charmés devant tant d’enthousiasme de la part des chiliens pour partager ces moments avec nous (et Fifi…surtout… !)
Nous rejoignons Puerto Chacabuco, faisons quelques provisions et embarquons sur le Naviera Austral : 30h de bateau pour rejoindre l’île Chiloé, entre les îles puis dans l’océan plus « ouvert ». Paysages, lectures, films en espagnol, enfants survoltés, sièges branquignoles, bébé qui pleure. Dodo. Paysages. Dauphins. Arrêts sur de petites îles colorées. Paysages. Baleines (au loin tout du moins !). La houle : pauvre Fifi…
Conseils techniques : contre le mal de mer. Sortir. Discuter avec de beaux garçons. S’occuper l’esprit. Ne pas aller dans les toilettes du bateau après 25h d’utilisation par 200 personnes. Dormir peut être une option. S’étendre sur les sièges des voisins.
Arrivés à Quellon port de pêche qui a peu à offrir, les transports en commun étant complets, nous partons en stop ! Avec nos yeux de biche, après 40 min, un chilien accepte de nous emmener jusqu’à Castro !
Castro est une jolie ville, dont le visage change au gré de la marée, pouvant atteindre une amplitude de 7m. Sa splendide église de bois, ses Palafitos (maisons sur pilotis), la place des armes, les pêcheurs.
Quelques points de vue, une glace artisanale et nous voilà repartis vers Ancud, au nord de l’île.
Nous faisons intervenir ici un expert en économie (originaire du Finistère) : « Les rangées de culs (veuillez excuser ce terme grossier : les connaisseurs apprécieront) effectivement observées par nos aventuriers, de bon matin (il était 11h, précisons !) sont monnaie courante sur l‘ile. En effet, ceci dénote une situation économique difficile : nombreux sont les gens perdus. Sans travail, mais avec une brique de vin en main. Ils peuvent ainsi passer le temps à dessiner des lunettes aux chiens errants, ou à retourner les trains d’époque exposés dans ce petit parc. De plus, l’île profite d’un air humide et frais toute l’année, ou comment le climat peut-il exercer un lavage de cerveau…
Le chômage est réel. La construction de bateaux en bois, spécialité des habitants, devant un marché très restreint ne peut nourrir la population.
La pêche est ici très artisanale et se fait sur de petites unités : un patron et 4 à 5 matelots. Les pêcheurs pratiquent la plongée au tuyau avec un compresseur, une technique très dangereuse. Ils récoltent palourdes, oursins et une algue, la luga. Historiquement, on pratiquait la pêche des huîtres en plongée. Mais le terrible tremblement de terre de 1960 a déstabilisé cette activité. Une réserve génétique a été créée mais elle est trop souvent la cible des braconniers.
L’avenir est, à mon avis, dans l’algue dont il existe 3 débouchés majeurs : le agar-agar, les épaississants utilisés en charcuterie et pâtisserie, et les sushis ! Encore faut-il pouvoir investir… »
Nous nous reposons dans une auberge à l’atmosphère chaleureuse et visitons Ancud, sous cette traditionnelle bruine. Bord de mer, traces restantes d’un bastion hollandais. Au menu, tomates farcies à la française.
Nous aimerions rester un peu, explorer l’ile, ou bien se blottir sous nos couettes. Juste discuter, jouer aux cartes et cuisiner : mais d’autres découvertes nous attendent plus au nord !
La pluie ne nous quitte pas à Valdivia. Nous y passons cependant de très bonnes soirées avec les bénévoles de l’hostel, la propriétaire et les voyageurs de passage comme nous.
Sous la pluie toujours, nous découvrons le marché au poisson, qui nourrit les énoooormes lions de mer. Nous partons en excursion à Niebla, où il nous est impossible de distinguer la côte dans le brouillard…nous préférons ramasser des mûres, aller visiter la brasserie Kunstmann (les allemands ont su se remettre du tremblement de terre le plus important au monde !), puis le petit musée de la ville.
Les rues commerçantes de Valdivia ont aussi été parcourues, en long, large et travers…
Interview d’une blogeuse, fashion victim : « Jajaja ! Moi, j’adore les chaussures ! Quand je suis arrivée à Valdivia, j’ai tout de suite craquée! Des modèles qu’on n’a pas chez nous. J’ai trouvée deux paires pour 12 euros. J’adooooore ! Les prix ne sont pas comparables à la France (ni la qualité : une des 2 paires a rendu l’âme quelques jours plus tard- NDLR).
Un trajet folklorique (nous changeons 4 fois de bus en 2h) nous emmène à Pucon. Notre tentative d’escalader le volcan (avec crampons et piolets) échoue à cause du vent, trop puissant (d’autre part, notre motivation en prend un coup devant le prix exorbitant de l’expédition…). Le volcan de Villarica, nous l’admirerons alors de loin, pendant notre journée VTT, sous un beau soleil retrouvé. Une journée riche en montées et descentes caillouteuses : 50 à 60 km parcourus !
La ville est charmante. Marché artisanal, places, rives du lac. Loulou part sur les traces de Padre Pancho (évangélisateur de la région), Fifi s’en va aux thermes. Partie de tarot.
Nous voici à Valparaiso : Que ciudad muy linda ! Nous participons au free walking tour avec Tour for tips (je fais un peu de pub, car ils étaient plutôt bons à Valpo : dégustation de Alfajores et Pisco !). La ville est ornée de toutes parts de graffitis : les habitants, extenués de devoir sans cesse nettoyer leur murs tagés (par des noms de gangs), ont recours aux artistes du coin : personne n’ose dénaturer leurs belles œuvres signées. Ainsi se développe l’art de rue dans la ville.
Valparaiso, ce sont aussi de multiples petits monts à escalader, via de petites ruelles, quand nous n’empruntons pas les ascenseurs d’époque (fin XIXème début XXème), des jolies vues, les paseo, le port, le marché de légumes, le trolley, le bazar, etc. !
Nous rencontrons une joyeuse équipe, hétéroclite et internationale, avec laquelle nous célébrons la Saint Patrick. Nous parvenons même à entrer dans un club, pour que Fifi puisse danser la salsa ! Expérience mitigée par ailleurs.
Il est déjà temps pour nos aventuriers de rejoindre la capitale, pour y savourer ses derniers instants ensembles : visite guidée de la ville (Wally, cousin de Valparaiso, nous guide dans notre premier aperçu de Santiago), restaurant local. Comptes et échanges de photos.
L’expert en petite économies et comptabilité, Riri, s’exprime ici : « Depuis nos retrouvailles, et afin de satisfaire Picsou, nous faisons attention à nos dépenses : si Fifi est en vacances, Riri et Loulou ont besoin de plafonner leur budget, pour voyager à moindre coût. Il faut donc vivre par de petites économies, sans pour autant brider les découvertes ! La bonne attitude : prenez le temps de voyager et privilégiez les transports terrestres plutôt qu’aériens (c’est écologique !), vous profiterez mieux du paysage ! Cuisiner est une bonne idée (ramasser les mûres dans la nature !), vous préparer des pique-nique : salades de riz, de pâtes, œufs durs, sandwich, pommes et bananes. Ecouter les conseils des autres voyageurs, bien sûr et multiplier les demandes dans les auberges pour en comparer les prix ! Par ailleurs, ne refusez jamais une invitation à diner (merci Fifi !!! )
Fifi nous quitte, un matin…nous continuons
Les rues de Santiago sont chargées d’histoire.
La place principale en travaux : cœur de la ville, 4 faces : une face commerçante, une face résidentielle, une face religieuse, et une face consacrée aux institutions gouvernementales.
La seule rue courbée de Santiago, pour casser cette organisation rectiligne : la rue London-Paris.
La plaza de la Moneda nous rappelle le jour tragique ou la junte militaire, Pinochet à sa tête, renverse le gouvernement : le 11 septembre 1973. Le président S. Allende fait face et refuse l’exil proposé par le dictateur. Après un ultime discours poignant du chef de l’état au peuple chilien (via l’unique radio non encore contrôlée par Pinochet), le palais gouvernemental sera bombardé : Allende est retrouvé mort quelques heures plus tard (ce serait, d’après les récentes conclusions de l’enquête, un suicide). Commence alors environ 20 années de répression, de tortures. Qui, dans toute son ambiguïté, s’apparente pourtant à une dictature. Le musée du mémorial, bien qu’un peu trop dans l’émotion, nous rappelle ces faits, encore très présents dans le cœur des chiliens.
La population chilienne fut très divisée pendant ces années de répression : encore aujourd’hui, nous pouvons rencontrer des chiliens qui soutiennent Allende (la classe moyenne, voire pauvre), comme d’autres, qui sont mordus de Pinochet (la classe supérieure).
En effet, le socialiste Allende entreprit 3 avancées majeures au Chili : il nationalisa le cuivre, permettant au pays de tirer profit de son minerai. Il tenta une réforme de l’éducation mais n’eut pas le temps de la mettre en place. Et il redistribua les immenses terres agricoles (estancias) appartenant aux riches propriétaires, aux agriculteurs les exploitant réellement. Vous comprendrez que cette action ne plut pas à tous…
La tombe du président Allende se trouve au cimetière de Santiago, parmi tant d’autres : le site présente des tombeaux familiaux collectifs (où les corps, après décomposition, peuvent s’entasser dans un caveau, style grand tiroir). Pour les plus chanceux (enfin, les plus riches), des mémoriaux démesurés sont construits à l’effigie de célèbres monuments historiques. Le mausolée des forces militaires se distingue du petit chapiteau des clowns. Leur délabrement (dû aux fréquentes secousses sismiques et au peu d’investissement des propriétaires) est parfois frappant.
Nous apprenons ici l’existence de Saints populaires : les Animitas. Un handicapé Romualdito du terminal de bus, une jeune enfant (ou une prostituée avérée ? Mais chut…), deviennent ainsi des âmes vers lesquelles on se tourne pour exhausser ses prières : en échange, on fera don d’une plaque de remerciement.
Parlons alors des églises, parlons des saints. Les « vrais ».
L’office du tourisme nous fait découvrir 5 églises de Santiago qui, chacune avec leurs particularités, nous permettent de comprendre l’historique religieux de la capitale. Nous rencontrons ainsi San Expedito, le saint le plus rapide au monde pour exhausser tes prières. San Francisco qui gère le paradis des animaux de compagnie (je vous dis pas la conciergerie dans l’église chaque année, pour la Saint François), Santa Rita pour les causes impossibles, etc.
La ville de Santiago, bien que très pieuse, fait l’objet de sombres croyances, de superstitions, de bondieuseries ! Nous adorons le tour guidé !
Santiago c’est aussi : Santa Lucia, un havre de paix dans la ville : des petits chemins, des petits recoins à explorer. Cerro Cristobal, nous y grimpons et contemplons la vierge qui veille sur les Santiaguinos, la tête dans un ciel bleu sans nuage.
Santiago, c’est aussi des dégustations de completos italianos (les couleurs de l’Italie se retrouvent dans ce hot-dog chilien par l’avocat, la mayonnaise, les tomates -sans oublier la saucisse-) de Terremoto (littéralement « tremblement de terre » car cette boisson écœurante à base de piquette, de grenadine et de glace à l’ananas finit par te faire vaciller), de vins chiliens : Malbec, Carménère, accompagnés de tapas à la française : saucisson, jambon cru et olives. De Rico Mote con huesillo : boisson fraiche à la pêche et au blé.
Les marchés colorés nous offrent des petits pains de mais frits, accompagnés de sauce piquante. Les poissonniers et bouchers locaux apprécient la fraîcheur des jeunes touristes féminines et n’hésitent pas à nous aborder, nous faire déguster leurs produits ! Ils sont aussi là pour tous les petites gens, qui n’ont pas le sous, et recherchent un peu de nourriture. Le partage est là, les sourires sont omniprésents.
Beaucoup de voyageurs vous diront que la capitale du Chili est peu intéressante et n’offre que peu de nouveautés, mais il suffit de se plonger dans ses entrailles pour comprendre comment, par exemple, un colombien qui souhaitait y passer seulement 3 jours s’y arrête 3 ans !
Santiago ne serait Santiago sans son métro décoré de fresques (de la culture indigène à aujourd’hui), ces innombrables cireurs de chaussures, et ses mini casinos proposant de multiples machines à sous.
Petit intermède sur la vie sexuée des chiliens
Nous découvrons comment prendre un café bien accompagné : les café con piernas sont de petites échoppes où l’on s’arrête aussi pour admirer les jolies jambes des serveuses. Plusieurs niveaux de démonstration : des jambes, à la coucherie, en passant par le bikini : tout ceci pour un café, il suffit de choisir l’endroit approprié !
Les parcs sont remplis de jeunes couples qui s’embrassent, s’enlacent. Dans des positions parfois suggestives, gênantes : il parait que les parents n’autorisent pas les jeunes à se rencontrer sous leur toit. Ils se rabattent donc dans les parcs, n’ayant pas peur de choquer. Ce genre de démonstration est aussi utilisé par les étudiants pour revendiquer leur droit à l’éducation : et vas-y qu’on se roule des pelles en signe de protestation !
Pour finir, vous trouverez facilement à la capitale des chambres louées à l’heure, pour la traditionnelle sieste ? Ou autre…
Outils / Matériel : de bons pieds pour arpenter la ville, la carte de bus (ici, on paye les bus seulement avec de la monnaie, mais il n’y a pratiquement pas de monnaie en circulation ! il fait donc se munir d’une carte de transport). Si on n’a ni carte, ni monnaie, on trouve toujours un Argentin qui nous paye le bus. Nice ! Un appareil photo dont la batterie se maintient suffisamment… Une bourse bien pleine : tous les parcs naturels sont payants. Et pourquoi ? Les transports et les logements sont chers, aussi.
Nous continuons notre petit bout de route, vers Mendoza !
La suite de ces aventures dans un prochain article, qui nous raconte le nord de l’Argentine : nous découvrons les vignobles et nous nous fondons à la population locale, dans les montagnes de la province de Salta…
Pour conclure sur ce mois de découvertes, reste que la langue est difficile à apprendre, l’espagnol chilien est… comment dire…chilien ! En revanche, nous nous sentons proche de cette culture, en partie issue d’immigrations européennes. Bien que les paysages soient splendides et uniques, quelque fois, le dépaysement nous manque un peu dans les villes.
De par l’aspect géographique du Chili, nous avons dû faire beaucoup de kilomètres, sur cette étroite bande de terre, et sommes passés peut être un peu vite… Un trip a moto pour une prochaine fois, pour voyager à son propre rythme. Oui…mais avec un bon budget !
Merci mes chers amis pinguinos junioros, pour ces délicieux moments d’aventure et de découverte! Et pour ce super article qui malgré que je connaisse l’histoire par coeur, m’a encore fait rire autant que les moments eux-mêmes
Les Israéliens ne me manquent pas mais Riri et Loulou, eux oui !!
Gros besos, je vous souhaite encore de très belles histoires à raconter
A bientot, Tchaaau !
Des bisous mon Fifi!
salut les amis ! super trip ! mais au chaud dans notre chaise moelleuse de bureau on arrive pas à se rendre compte de la distance parcourue… un ptit lien google map avec l’itinéraire nous y aiderait… sans vouloir ajouter à l’énorme travail fourni ds ce blog, bien entendu !
aaaah la la…nan mais allo? Internet fonctionne trop mal ici en Bolivie…mais on va peut-etre Romain va-t-il essayer de faire quelquechose pour toi…
en attendant, des bisous!
Happy birthday Romain
Enormes bisous à vous deux
venons de boire un Ti’punch à votre santé
Les flo
Magnifique !!!!!!